▹vient alors l'ovide.

❝ Il plongeait ses yeux dans les miens, ses doigts caressant le creux de ma joue et doucement, dans un murmure incessant me répétait que je n’étais rien, absolument rien de plus qu’une catin aux joues ternis. ❞


Il a toujours été de ces bourrasques qui arrivent un jour dans votre vie pour n’y rester qu’un temps et vous abandonner ensuite, ne laissant sur votre peau que des restes de tumultes passés. Ovide disait que je faisais parti de ces femmes qui pleurent pour adoucir. De ces diablesses, soufflait-il, faiblarde et plaintive qui ont oubliées depuis longtemps ce qu’était la fierté. Il pressait doucement ses doigts contre mes hanches, d’une caresse brûlante et sensuelle pour me reprocher poignets d’amour, regard terne et cheveux mal coiffés. Il me le répétait souvent, dans un murmure au creux de l’oreille. Cela faisait parti de ces douceurs amères qui avaient pour unique but celui de me blesser. Il a toujours aimé mon désarrois, d’abord celui qu’on me causait, plus distant, moins percutant et finalement celui dont il était l’acteur principale, bien plus corsé. Il était de ces hommes qu’on désapprouve du début à la fin et qui pourtant, restent encré partout autours de vous, comme une crasse dont on ne peut se défaire. Ce souvenir dont on ne peut s’empêcher de parler autours d’un café entre amis, le tu sais qui dont on n’ose plus vraiment prononcer le nom de peur d’ouvrir des blessures un peu trop fraiche. Ovide a toujours eu un art particulier pour revêtir l’habit du bourreau, quand bien même il n’orchestrait que châtiment légitime. Il était de ces réveilles solitaire, qui nous oblige du jour au lendemain à courber l’échine pour enfin ouvrir les yeux sur une réalité que nous n’avions jamais pris en compte.

J’ai rencontré Ovide dans un petit café d’Amsterdam. J’étais cette petite blonde, fraiche et joues rosée qui distribuait des expresso à la minute avec un sourire forcé. Je jouais à l’époque la serveuse pour arrondir mes fins de mois. Je n’avais ni diplôme ni désir d’avenir et que je rêvais encore de soirées déchainé sous les réverbères à peine chauffés. Lui, il était là, assis seul dans un coin à regarder sagement les passants avec son cigarillo au bout des lèvres. Son fameux cigarillo, odeur à la fois détestable et attirante. Il aimait fumer ce genre de chose car, me confiait-il, ainsi aucun petit con n’oserait venir l’aborder pour lui demander dans une inlassable habitude la même rengaine. C’était trop fort, trop corsé, un peu comme tout ce qui me ramène à lui finalement. La seule douceur chez Ovide devait être celle de sa peau.

u.c

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